Allocution d’ouverture du Premier Secrétaire national du FFS
Conférence nationale du Front des Forces Socialistes
« Pour une santé publique digne et équitable : repenser le système national de santé »
Alger, le 18 octobre 2025
Mesdames et Messieurs les conférenciers,
Cadres et militants du Front des Forces Socialistes,
Mesdames et Messieurs les représentants de la presse nationale,
Honorables invités,
Bienvenue à toutes et à tous à cette conférence nationale du Front des Forces Socialistes consacrée à la santé publique, un sujet crucial pour notre société et notre avenir commun. Nous sommes honorés de votre présence et de votre engagement à débattre ensemble des défis et des solutions pour un système de santé digne et équitable.
La santé publique en Algérie n’est pas une question marginale ou sectorielle : elle est le reflet de notre modèle de société, l’expression la plus sensible et la plus directe du rapport entre l’État et le citoyen. Elle dit tout de l’état de notre contrat social, de la réalité de nos institutions et de l’efficacité des politiques publiques menées au nom du peuple.
C’est pourquoi le Front des Forces Socialistes a choisi d’en faire, aux côtés de l’éducation, le thème central de sa conférence annuelle socio-économique.
Cette démarche s’inscrit dans la continuité du combat historique du FFS pour la dignité humaine, la justice sociale et l’égalité en termes d’accès aux droits fondamentaux.
Elle traduit également notre volonté profonde de contribuer de manière constructive au changement, en initiant des débats de fond sur les enjeux majeurs de notre société et en formulant des propositions concrètes. C’est là l’expression d’une posture intellectuelle et politique qui repousse aussi bien les discours alarmistes du désespoir que les narratifs complaisants du statu quo et de l’autosatisfaction.
Par notre démarche, nous opposons à ces deux impasses la voie de la construction politique, articulée sur le débat d’idées et la défense des libertés et droits de nos concitoyens, convaincus que seul un dialogue lucide et exigeant peut éclairer les chemins de la réforme et du changement.
Mesdames et Messieurs,
Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics et les différentes réformes initiées depuis l’indépendance, la réalité de notre système de santé demeure préoccupante. Il souffre de graves incohérences en matière de gouvernance, de management et d’évaluation de la performance. Bien que les dépenses de santé aient connu une hausse significative à travers les années, elles n’ont pas permis d’enrayer la dégradation continue des services, des infrastructures et de la qualité des soins.
Nos hôpitaux et nos infrastructures sanitaires sont en souffrance, le personnel médical désemparé, partagé, faute de moyens et d’une réelle prise en charge, entre l’exil et le secteur privé, avec une absence criante de cap.
Le diagnostic est implacable : le vécu quotidien de nos concitoyens, les souffrances silencieuses dans les couloirs des hôpitaux, l’impuissance des personnels médicaux, la marchandisation galopante des soins… Les inégalités territoriales en termes de couverture sanitaire ne font qu’aggraver cette situation où les familles peinent à faire face à des coûts médicaux exorbitants, alors même que la Constitution garantit la gratuité de l’accès aux soins.
Tout cela est incontestable et surtout inacceptable. Cette contradiction entre le droit proclamé et la réalité vécue interroge le sens même de l’État et la finalité des politiques publiques.
Chers amis, chers camarades,
Le Front des Forces Socialistes considère qu’il est temps, non plus de colmater les brèches, mais de repenser, dans son architecture même, le système national de santé. Il faut rompre avec l’illusion des réformes techniques déconnectées des réalités sociales. La santé publique ne peut être redynamisée que par un projet politique global, enraciné dans une vision stratégique à long terme, inspirée par des valeurs de justice sociale, de solidarité et de rationalité démocratique. Cela implique de replacer le service public au centre du dispositif, non comme un vestige du passé, mais comme le cœur vivant d’une République sociale digne de ce nom.
Cette réforme doit répondre à quatre principes fondamentaux :
• La primauté du service public sur le marché, avec une politique claire de réhabilitation, de financement et de gouvernance des hôpitaux publics.
• La transparence dans la gestion du secteur, avec des indicateurs publics de performance, des audits indépendants, et une responsabilisation réelle des gestionnaires.
• La valorisation des ressources humaines : par la formation continue, des carrières motivantes, des conditions de travail décentes, et une revalorisation salariale urgente.
• La territorialisation de la santé : adapter les politiques aux besoins spécifiques de chaque région, en associant les collectivités locales et les citoyens aux décisions.
Chers amis,
À travers cette conférence, nous souhaitons engager un débat de fond sur ces questions. Le but n’est pas seulement de dresser un constat, mais d’esquisser des solutions concrètes pour bâtir un système de santé plus juste, plus efficace et plus humain.
La santé n’est pas une affaire technique : c’est une question politique, éthique et sociale. C’est le miroir du contrat moral entre l’État et ses citoyens.
En ouvrant aujourd’hui ce débat, le FFS réaffirme sa fidélité à ses valeurs fondatrices : le respect de la dignité humaine, la justice sociale, la solidarité et la démocratie.
Je vous remercie.