Proclamation FFS-OCRA : Constitution du comité de coordination pour l’action et le dialogue – 15 AVRIL 1967
ORGANISATION CLANDESTINE DE LA REVOLUTION ALGERIENNE (O.C.R.A)
FRONT DES FORCES SOCIALISTES (F.F.S)
PROCLAMATION
Au Peuple algérien.
Au militants de la cause nationale,
La dégradation continue de la situation en Algérie dans tous les domaines, exige plus que Jamais une véritable révolution dans les consciences dans les consciences et requiert le regroupement, la mobilisation et l’action des forces saines de la Nation.
La dictature de Boumediene est un défi à la vocation démocratique et universelle de la Révolution Algérienne.
L’illégalité, l’arbitraire et le crime sont érigés en système de gouvernement La direction réelle de l’Etat et du parti passe de plus en plus entre les mains de la Police Secrète.
Les tendances régionalistes du Clan d’Oujda contribuent à mettre en péril l’unité de la Nation.
Les mœurs politiques des hommes au pouvoir tendent à détruire les valeurs morales de noue peuple dont les traditions révolutionnaires ont fait l’admiration du monde.
Ce régime doit être détruit.
Le clan d’Oujda n’est pas issu de la Révolution, mais d’un persan militaire qui représente l’anti-révolution.
- Pour avoir trahi les aspirations populaires dont l’idéal était le respect de l’homme par l’instauration d’une démocratie bâtie sur la sauvegarde et le développement des acquis de la Révolution.
- Pour avoir brisé l’élan fraternel vers le rétablissement de la paix et de l’unité nationale, rendues possible par la conclusion des accords FFS – FLN.
- Pour avoir engagé le pays dans le cycle des putschs, qui dans le Tiers-Monde, sont un obstacle à tout progrès humain et freinent tout développement économique.
Ce régime, ne s’appuyant que sur une classe de privilégiés inconditionnels, ne peut mener qu’à une plus grande paupérisation en accentuant le sous-développement d’un pays où les masses sont délibérément écartées de toute participation à la vie nationale.
Le régime Boumediene s’efforce d’utiliser l’armée comme principal instrument d’oppression au service du clan d’Oujda.
Le renforcement du potentiel militaire d’une armée de métier ne peut se faire qu’au détriment de l’économie du pays.
Conscient de leurs responsabilités, convaincus de refléter fidèlement les aspirations profondes du peuple Algérien, l’organisation Clandestine de la Révolution Algérienne (O.C.R.A) et le Front des Forces Socialistes (F.F.S) proclament :
1- qu’il importe de mobiliser toutes les énergies pour abattre le régime imposé par la force en Algérie ;
2- que seul le retour à la LEGITIMITE POPULAIRE peut sortir l’Algérie du cycle anarchique des clans et des putchs ;
3- que le retour à la légitimité populaire passe par les élections libres et démocratiques pour une ASSEMBLEE NATIONALE CONSTITUANTE ET LEGISLATIVE. Cette Assemblée aura pour tâche essentielle de proposer au vote souverain du Peuple le texte d’une NOUVELLE CONSTITUTION.
4- qu’un GOUVERNEMENT PROVISOIRE d’UNITE NATIONALE et d’UNION DEMOCRATIQUE devra préparer la consultation et l’entourer de toutes les garanties de loyauté et de liberté.
Ce gouvernement provisoire, représentant l’alternative populaire par rapport au pouvoir de fait auquel, aura également pour mission d’assurer la transition entre la chute de Boumediène et l’élection d’un Gouvernement définitif par l’Assemblée Nationale.
En conséquence, le Front des Forces Socialistes et l’Organisation Clandestine de la Révolution Algérienne décident la constitution immédiate d’un : COMITE de COORDINATION pour l’ACTION et le DIALOGUE.
Ce comité est un premier pas vers l’union de tous les patriotes, de tous les démocrates, de tous les révolutionnaires qui luttent pour rétablir le peuple algérien dans ses droits inaliénables.
Le Comité de Coordination devra créer les conditions qui permettront dans une Algérie libérée de la dictature :
- l’instauration d’un processus irréversible qui empochera quiconque de remettre en cause le principe sacré de la souveraineté populaire ;
- la libération de tous les détenus politiques ;
- le respect absolu des libertés d’opinion, d’expression, d’association et, en particulier, des libertés syndicales.
- l’émancipation véritable de la femme algérienne, la promotion et la participation active de la jeunesse aux affaires du pays ;
- la démocratisation des institutions par la voie d’une décentralisation progressive et rationnelle, facteur de cohésion et d’unité nationale, pour aboutir à une participation effective de tous les citoyens à la vie du pays, dans les domaines de la politique, de l’économie et de la culture ;
- le bannissement des privilèges des castes budgétivores anti-socialistes pour supprimer l’exploitation des travailleurs par une minorité qui, étant à la dévotion du clan d’Oujda et de l’aristocratie bureaucratique, bénéficie de la presque totalité du revenu national ;
- l’instauration d’un socialisme qui assure la promotion de l’homme et son libre épanouissement, qui réponde à nos impératifs économiques vitaux et qui aille dans le sens d’une participation véritable des masses populaires, dans le cadre de nos valeurs nationales et de la solidarité internationale.
Dans le domaine de la politique extérieure, l’Algérie aspire d’abord à la paix universelle, pour l’amitié et la coopération entre les peuples et en faveur de toutes les forces de la coexistence pacifique qui réduisait progressivement les bases idéologiques et matérielles de l’impérialisme et du néo-colonialisme.
L’Algérie peut et doit mettre ses possibilités de médiation, d’arbitrage, de conciliation et de bons offices au service de la paix mondiale, de la concorde entre tous les pays.
Elle doit surtout contribuer de toutes ses forces à hâter la libération des peuples encore sous domination étrangère et manifester son entière solidarité avec le combat du peuple frère du Vietnam.
Dans cet esprit, l’OCRA et le FFS affirment qu’il est du devoir des patriotes maghrébins de lutter ensemble pour écarter le danger de guerre et imposer la paix au maghreb.
Le salut de la Nation exige la mobilisation de tous.
Le FFS et l’OCRA mettront, en ce qui les concerne, tout en œuvre, pour que l’accord qu’ils viennent de réaliser puisse servir de base au regroupement de tous les mouvements, personnalités politiques, militants inorganisés et de tous les patriotes qui voudraient renforcer le courant unitaire qui ne manquera pas de porter un coup fatal à la Tyranie.
II est hors de doute que, le moment venu, les militants de la Révolution, actuellement dans les rangs de l’ANP, en qualité d’officiers et de soldats, ne manqueront pas de mêler leurs efforts à ceux de leur peuple pour contribuer à abattre le régime de la dictature.
Pour le F.F.S.
Hocine AIT AHMED
Pour FO.C.R.A.
Mohammed BEDJAOUI
Le 15 AVRIL 1967.