Allocution du Premier Secrétaire national, lors de la session extraordinaire du Conseil National du 14 décembre 2024.
Alger, le 14 décembre 2024.
Chers camarades, honorable assistance ;
Nous nous réunissons aujourd’hui en session extraordinaire du Conseil national (CN) de notre parti pour dresser le bilan annuel de notre action à la tête du Front des forces socialistes (FFS).
La culture de rendre des comptes et de faire des bilans constitue l’une des bases fondamentales d’un fonctionnement démocratique, sain et solide et d’une organisation performante. Elle ne doit pas se limiter à un simple exercice formel, mais nous devons l’inscrire dans une démarche essentielle de transparence, de responsabilité et d’adaptation continue de nos actions et de nos approches.
Ce processus de reddition de comptes n’est pas seulement un devoir moral, mais un pilier de notre engagement démocratique. Il s’agit d’une opportunité importante où nous devons non seulement évaluer notre action, en toute honnêteté et sans complaisance aucune, mais aussi identifier les acquis et les lacunes en y apportons les solutions adéquates.
Chers camarades, chers amis ;
Je ne pourrais entamer mon propos sans citer deux dates importantes qui, chacune de son côté, contribuent à la structuration de notre pensée et de nos actions : la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948, et les Manifestations du 11 décembre 1960, dont nous avons célébré et commémoré respectivement le 76e et le 64e anniversaires.
La première constitue l’un des socles importants sur lequel est bâtie notre philosophie politique, tandis que la deuxième nous rappelle, d’un côté, une séquence héroïque de l’engagement du peuple algérien pour la liberté et l’indépendance et, de l’autre, la lâcheté et la barbarie dont a usé la France coloniale à l’égard de manifestants pacifiques réclamant leur droit à disposer d’eux même.
L’évocation du 10 décembre m’oblige à réitérer l’exigence d’une approche nationale des droits de l’Homme. Cette approche doit satisfaire deux impératifs : l’exigence patriotique et la question démocratique. Pour le FFS, les deux sont complémentaires et inséparables. Une approche qui tient compte, à la fois, des valeurs humaines universelles ainsi que de notre histoire, de notre culture, de nos spécificités et des exigences du monde d’aujourd’hui, loin du « deux poids, deux mesures » et des standards à géométrie variable que les puissances occidentales tentent de faire avaliser au monde d’une façon unilatérale. Leur attitude, leur silence, voire leur complicité et soutien au génocide et aux crimes contre l’humanité perpétrés par l’entité sioniste contre les peuples palestinien, libanais et syrien sont les parfaites illustrations de ce double standards raciste, suprémaciste et islamophobe.
Chers amis, honorable assistance ;
En ce qui concerne notre pays, à l’aube des bouleversements géostratégiques majeurs que connaît le monde, il est nécessaire de changer d’approche. Il faut favoriser le dialogue et la recherche des compromis et des consensus pour préserver le pays, renforcer son unité et consolider sa cohésion. La véritable stabilité ne pourra être assurée que par une gestion politique éclairée, fondée sur la construction d’un cadre démocratique en mesure de rétablir la confiance et préserver les intérêts supérieurs de la nation. C’est le rempart le plus sûr face aux velléités de saborder notre souveraineté et de porter atteinte à notre unité territoriale.
Par contre, la gestion sécuritaire, sous le motif de maintenir l’ordre, ne fait que fragiliser les fondements de la société algérienne et nourrir un climat de méfiance vis-à-vis de l’Etat, de peur et de division. L’histoire nous enseigne que la fermeture engendre des tensions, qui finissent par éclater en crises sociales et politiques encore plus graves.
L’ouverture politique, le respect des libertés publiques, l’instauration d’une véritable pluralité et la consécration des principes démocratiques et de l’Etat de droit ne sont pas de simples aspirations : elles constituent les fondements mêmes de la stabilité et du développement de notre pays, l’Algérie.
Chers camarades, chers amis ;
Les récents développements en Syrie et l’effondrement inattendu et spectaculaire du régime de Bachar Al Assad préfigurent une nouvelle recomposition et de nouveaux rapports de forces au Moyen-Orient et au niveau international. Leurs répercussions, même si difficile à déterminer actuellement, risquent d’impacter les équilibres déjà fragiles, non seulement dans la région, mais aussi au-delà, en modifiant les alliances et les stratégies des puissances mondiales.
Ces événements, qui doivent servir de leçon, nous rappellent une vérité intemporelle et indéniable : notre force est dans notre unité et notre capacité à construire une résilience en mesure de nous mettre à l’abri de ces bouleversements géopolitiques majeurs.
Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel que les dirigeants du pays et l’ensemble des forces vives de la société, prennent conscience de l’urgence de l’édification nationale. Nous devons inscrire notre action dans un processus global de construction d’un pays solide, capable de faire face à toutes ces mutations. Il est impératif de renforcer nos institutions, de développer notre autonomie stratégique et de garantir la stabilité et la paix intérieure par une gouvernance juste, inclusive et responsable.
L’histoire nous a montré que les nations qui ont prospéré sont celles qui ont su investir dans leur unité et leur résilience. Ainsi, nous appelons le pouvoir et toutes les forces vives de la nation à s’engager dans un grand chantier de la souveraineté et de la résilience. Unis dans la diversité, portée par une volonté commune, nous serons en mesure de construire un avenir serein, prospère et indépendant, à l’abri des turbulences géostratégiques et des influences extérieures.
La souveraineté nationale, dans tous ses aspects, qu’elle soit économique, politique, militaire ou culturelle, si elle est adossée à une réelle ouverture politique et démocratique sera le pilier fondamental de notre résilience. Ce n’est qu’en consolidant cette souveraineté que nous pourrons nous prémunir des dangers extérieurs, de l’instrumentalisation des rivalités internationales et des tentatives de déstabilisation.
C’est dans cet esprit que nous appelons à mettre un terme à la gestion sécuritaire et unilatérale des affaires du pays et de s’engager dans un processus de grandes réformes en mesure d’assurer démocratie politique, développement économique et prospérité sociale. Un projet national clair et ambitieux doit être défini, impliquant toutes les forces vives du pays : l’Etat, la société civile, les forces économiques, sociales et culturelles. Chacun doit être acteur de cette transformation profonde car l’avenir de notre nation dépend de notre capacité collective, société, opposition et pouvoir, à saisir les enjeux du moment historique, et de l’implication de chaque citoyen dans la construction du pays.
Cela implique la mise en œuvre de chantiers réformateurs profonds et audacieux pour renforcer nos institutions et rendre la démocratie irréversible. Cela doit être aussi accompagné d’un engagement sincères pour révolutionner certains secteurs clés de l’activité nationale, à l’instar de l’éducation, la santé, l’industrie, l’agriculture, la science et la technologie. Ces secteurs doivent être les moteurs de notre développement et de notre résilience, assurant à notre nation une autonomie réelle.
Le processus d’édification nationale ne doit pas se limiter à des déclarations d’intention, mais se traduire par des actions concrètes, des projets de développement ambitieux et une gouvernance responsable, inclusive et visionnaire. Chaque citoyen doit se sentir responsable de la réussite de ce projet collectif.
Chers camarades, chers amis ;
Il faut toujours rester vigilants et appeler, en toute épreuve, à l’unité face aux polémiques stériles et aux tentatives de division. Au moment où notre pays a le plus besoin d’apaisement, de sérénité et d’unité, des polémiques aussi stériles que vénéneuse – que le caractère unitaire du Hirak avait enterré – refont surface dans l’objectif d’instaurer un contexte de division et d’opposer nos citoyens les uns aux autres. Il est primordial que nous nous interrogions sur l’origine et les véritables intentions de ces actions, qui visent à détourner notre attention des véritables défis auxquels notre nation est confrontée.
Dans une conjoncture aussi déterminante, il appartient au pouvoir de résister à la tentation autoritaire en mettant fin à la gestion sécuritaire des affaires du pays comme il appartient à la société toute entière de résister aux démons de la division et de la discorde. L’appartenance à notre pays, à notre nation, doit être au-dessus de toute autre considération. Nous devons nous rappeler que l’Algérie, avant tout, est une unité indivisible, unie dans sa diversité. Cette unité, loin de signifier une uniformité imposée ou un unanimisme de pensée unique, trouve sa richesse plutôt dans la pluralité des voix, des cultures, des langues et des traditions qui composent la société algérienne. Chaque région et chaque tradition font ensemble la force de notre pays. C’est dans cette diversité que réside notre véritable identité et c’est cette richesse qui doit être célébrée, protégée et mise en avant.
Encore une fois, nous devons rester vigilants et rejeter toute tentative de manipulation des sensibilités liées à l’origine géographique ou au statut social. L’unité nationale, nourrie par notre attachement profond à nos racines historiques communes, doit être notre boussole. Nous sommes tous, sans distinction, héritiers et dépositaires d’un même patrimoine. Il est de notre devoir de préserver cette unité, de nourrir l’esprit de fraternité et de ne pas nous laisser distraire par des discours qui cherchent à semer la discorde. Aujourd’hui, plus que jamais, l’unité est notre plus grande force, et la résilience est notre plus grande garantie. C’est ensemble que nous réussirons, et c’est ensemble que nous protégerons notre nation et son avenir.
Chers camarades ;
Sur un autre volet, la décision de « mettre fin » aux fonctions de Mohamed Charfi à la tête de l’ANIE est une mesure nécessaire, en raison des graves dérives observées lors de l’annonce des résultats préliminaires des élections présidentielles du 7 septembre dernier. Ces dérives, incluant la manipulation des voix des électeurs, ont entaché la crédibilité du processus électoral et porté atteinte à l’image du pays, remettant en question la légitimité du processus électoral.
Cependant, cette décision n’aura aucun impact si elle n’est pas suivie d’une révision des lois organiques et des textes régissant la vie politique en général, et le processus électoral en particulier. Il est donc impératif de procéder à la révision de la loi organique sur les élections car elle ne correspond pas aux défis actuels et aux exigences de transparence, d’intégrité et de l’égalité des chances.
De même, il convient de revoir en profondeur la loi régissant les partis politiques afin de leur redonner le rôle et la place qui leur revient de droit comme des outils réels de gouvernance, contribuant à la gestion et à l’encadrement de la vie publique. Il en va de même pour les lois relatives à la commune et à la wilaya qui doivent être révisées pour instaurer une nouvelle ère de gestion locale selon une approche participative et décentralisée.
Toutes ces réformes doivent viser à redonner de la crédibilité à l’action politique en général et aux élections en particulier. Elles doivent aussi créer un climat propice à une véritable ouverture politique et médiatique, préparant le terrain pour établir une démocratie représentative réelle et solide, irréversible, à travers un large consensus national.
Je termine par une invitation que je vous lance à l’approche du 23 décembre pour venir assister à la cérémonie de recueillement qu’organisera notre parti à l’occasion du 9e anniversaire du décès de notre Président et fondateur du FFS, le Moudjahid et militant feu Hocine Aït Ahmed, et cela le samedi 21 décembre au village Ath Ahmed à 11h00. Un recueillement dans le strict respect de ses dernières volontés.
Gloire à nos martyrs
Vive l’Algérie, et vive sa souveraineté !
Vive le FFS